27 Oct 2022 | À la une, Médico-social, Portraits, Santé
Article publié le 26/10/2022 sur https://www.espaceinfirmier.fr/ Auteur : Isabel Soubelet
Passée par une première expérience à Montréal, Audrey Ferullo, infirmière, s’est installée en libérale en 2010. Depuis trois ans, elle est coprésidente et coordonnatrice de la CPTS Aix Sainte-Victoire. Très engagée, elle vient d’obtenir une double certification. Elle nous livre son témoignage et ses ambitions pour la profession qu’elle défend haut et fort.
Quel regard portez-vous sur l’évolution des métiers de la santé et la création des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ?
L’arrivée des CPTS révolutionne profondément au niveau structurel les secteurs du médical, du médico-social, et du social. Même si elles ont plusieurs missions, l’idée principale des CPTS est d’améliorer l’accessibilité aux soins, la continuité des soins et de travailler sur les parcours. L’intérêt est que les CPTS sont faites par et pour les professionnels. Elles émergent du terrain dans un cadre qui est assez large afin qu’il soit à l’image des besoins du territoire. Ainsi, à Aix-en-Provence, nous n’aurons pas les mêmes besoins ni les mêmes priorités qu’à Gardanne ou Vitrolles. Dans la CPTS d’Aix Sainte-Victoire, nous avons choisi d’améliorer en priorité la gériatrie et la santé mentale où les ruptures de parcours chez les patients sont nombreuses car il y a un cloisonnement qui dure depuis des années entre les différentes structures, entre le privé et le public. L’idée d’une CPTS est vraiment d’apprendre à travailler ensemble de manière coordonnée afin d’avoir le bon soin, au bon moment, au bon endroit, au bon patient et par le bon professionnel. Il faut vraiment désengorger les services d’urgence. À titre personnel, je suis infirmière libérale mais solidaire de mes collègues hospitaliers, et de la profession en général. Depuis le printemps et jusqu’à aujourd’hui, je fais quelques nuits par mois en renfort dans les équipes du service d’urgence de l’Hôpital d’Aix-en-Provence. C’est un moyen aussi d’actualiser mes compétences et de garder les bonnes pratiques.
Vous venez d’obtenir récemment une double certification, pourquoi avoir suivi cette formation certifiante ?
Ce choix a émergé dès la création de la CPTS Aix Sainte-Victoire en 2019. À cette époque, de nombreux coordinateurs de CPTS en PACA, professionnels de santé, et majoritairement infirmiers libéraux, ont constaté que des outils leur manquaient pour coordonner les structures. Nous avons avec l’URPS Médecins Libéraux PACA, qui nous soutient depuis le début, co-construit une formation qui correspondrait à nos attentes et qui nous faciliterait l’exécution de ce poste. La formation, d’une durée de 18 mois (de février 2021 à septembre 2022) a été instaurée au sein de l’Espace Sentein (1) à Montpellier avec de nombreux cours théoriques en visioconférence (2 jours en présentiel sur 39 jours de cours). Elle comporte une double certification de niveau 7 à savoir, dirigeant de l’économie médico-sociale (qui existait déjà), et coordonnateur de structure d’exercice coordonné dont c’était la première promotion avec 26 stagiaires dont 90 % issus du monde sanitaire, majoritairement des IDEL. Même si suivre la formation s’est fait sur la base du volontariat, cela a demandé beaucoup d’engagement, de motivation et même des sacrifices. Nous avons vraiment pu nous soutenir mutuellement et aujourd’hui, nous poursuivons notre travail d’échanges, même non formalisé, entre les CPTS des Bouches du Rhône, et même de Paca. Cela a renforcé les liens de notre communauté.
Quels sont les atouts de cette formation ?
L’objectif de cette formation est vraiment de monter en compétences sur le management, la gestion de budget, les techniques d’animation et de gestion de projet, la gestion d’équipe, les ressources humaines, la communication…Le but est d’outiller chacun afin de pouvoir diriger et manager une structure sachant que la spécificité d’une CPTS est de manager des professionnels de santé libéraux. C’est toute la complexité ! Il n’y a pas de lien hiérarchique descendant. Tout le management se fait de manière transversale. On ne peut pas imposer des choses. Il faut expliquer, communiquer, être facilitateur pour le changement et donner envie aux professionnels de se mettre en action et de travailler autour du projet de santé. D’un côté, pour améliorer leurs pratiques quotidiennes, mais in fine, pour améliorer considérablement la prise en charge globale des usagers du territoire. La formation apporte beaucoup de méthodologie, des outils organisationnels et des éléments de gestion des ressources humaines et prévisionnelle des budgets. Elle apprend à améliorer les actions dans la durée, et donc à avoir à l’esprit la double gestion, du temps et du financement. Elle donne une vision globale de la stratégie que l’on va mettre en œuvre concrètement. À la CPTS Sainte-Victoire, notre but est de mettre en œuvre toutes les actions possibles pour devenir un acteur incontournable du territoire et facilitatrice au changement. L’enjeu est de faire avec et pour les autres, et non à la place de.
Propos recueillis par Isabel Soubelet
(1) www.espace-sentein.fr
Son parcours en quelques dates
2006 : Infirmière diplômée d’Etat, IFSI Victoria Desjardins, Hôpital Saint-Joseph à Marseille (8ème)
2006 : Intègre pendant 18 mois l’Institut de cardiologie de Montréal au Québec
2008 : IDE au bloc opératoire, Hôpital Saint-Joseph à Marseille (8ème)
2010 : Installation comme infirmière libérale à Marignane (Bouches-du-Rhône)
2013 : Création de son cabinet en libéral à Aix-en-Provence
2016 : Administratrice de l’URPS Infirmière Paca
2017 : Conseillère départementale de l’Ordre infirmier des Bouches-du-Rhône
2019 : Coprésidente et coordonnatrice de la CPTS Aix Sainte-Victoire
2021 : Secrétaire générale de l’Ordre infirmier Paca-Corse
2022 : Obtention de la double certification niveau 7 « Dirigeant de l’économie médico-sociale » et « Directeur/coordinateur de structure d’exercice coordonné ». Son mémoire « Le management fédérateur et facilitateur de changement dans une organisation de structure d’exercice coordonné ».
Pour en savoir plus sur la formation :
Coordinateur/trice de CCPTS
15 Avr 2016 | Portraits
Du statut d’intermittent au secteur médico-social, Virginie Gauguet a su s’adapter et travaille sur l’utilisation de ses compétences pour mettre en valeur son établissement.
Pouvez-vous nous présenter votre structure, les services proposés et le poste que vous y occupez ?
J’occupe le poste d’assistante de direction au sein de la Résidence de Sèvres (« Le luxe de vivre mieux que chez soi »), un EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) situé au cœur de Paris, dans le quartier prestigieux du 7ème arrondissement.
Madame Béatrice Ephoevi-Ga, directrice de la Résidence de Sèvres, assure aux résidents une prise en charge personnalisée, dans un esprit familial, adapté aux besoins de la dépendance liée à l’âge.
Ouvert depuis octobre 2014, cet établissement privé dispose de 47 chambres individuelles dont 3 suites spacieuses pour les couples (20 à 33 m2, certaines avec balcon ou terrasse). Les chambres sont agencées avec goût et matériaux de qualité, préservant le calme et le confort de chacun.
Dans des décors harmonieux et raffinés, plusieurs espaces de vie chaleureux sont à la disposition des résidents, cela sur 6 étages, avec notamment : un accueil spacieux, de confortables salons, des terrasses fleuries, une belle salle de restauration, une salle d’esthétique et un salon de coiffure.
Quels sont les plus grands challenges de votre mission ?
Mon plus gros challenge au sein de la Résidence de Sèvres était d’atteindre rapidement un taux d’occupation de 100 %.
Après 6 mois et plus de 200 visites, l’établissement était complet avec ses 47 résidents.
Un autre challenge important dans cet EHPAD était d’assurer les prestations haut de gamme attendues par les résidents, comme par exemple une qualité hôtelière irréprochable, une cuisine traditionnelle de qualité, des animations variées et adaptées.
Quel est votre parcours ?
Après avoir obtenu un diplôme d’assistant réalisateur au Conservatoire Libre du Cinéma Français, j’ai pu participer à divers projets audiovisuels. Ma mission était d’assurer le bon déroulement des tournages et de coordonner les différentes équipes (comédiens, techniciens …). Ce métier, essentiellement basé sur les rapports humains, m’a appris à être organisée, positive et réactive. Mais obtenir, puis conserver son statut d’intermittent du spectacle est très difficile …
En 2013, j’ai eu l’opportunité d’obtenir un poste d’assistante à la Résidence du Plateau, située à Athis Mons (Essonne). Madame Laura Disdier, Directrice de la résidence, m’a accompagnée et apporté les premières clés de ce nouveau métier.
Cette première expérience dans le secteur médico-social fut une révélation.
Pourquoi avoir choisi la formation DEMS ?
Pour perfectionner ma reconversion, ma direction m’a proposé de suivre la formation DEMS (Dirigeant de l’Economie Médico-Sociale) au sein d’Espace Sentein.
Une vraie chance pour moi !
Cette formation m’apporte toutes les clés qui me manquaient pour bien comprendre l’organisation d’un EHPAD.
Pour nous permettre d’acquérir toutes les compétences stratégiques et opérationnelles du secteur médico-social, les 17 modules abordent différents thèmes tels que la politique, le cadre juridique, la gestion budgétaire, la qualité des prestations ou encore le management stratégique d’une organisation de l’économie sociale.
Je suis ravie de pouvoir travailler sur l’analyse-diagnostic de la résidence de Sèvres et sur un projet professionnel de management stratégique à travers mon mémoire professionnel.
Un projet en particulier à nous présenter ?
Mon mémoire, porte sur les outils au service de la communication pour diminuer le coût lié à la commercialisation.
Comment atteindre un taux d’occupation de 100% sans passer par des prescripteurs commissionnés ?
L’un des projets que je souhaite développer, au travers de mon mémoire est un livret d’accueil vidéo. Un film en ligne sur le site internet de la Résidence de Sèvres permettra, en un clic, de découvrir la structure, ses équipes et ses prestations.
Comment les évolutions du secteur affectent-elles votre métier au quotidien ?
Travailler dans le secteur médico-social nous oblige à nous tenir régulièrement informés de son cadre juridique. A travers différentes lois et règlements, de nouveaux concepts et modes d’organisation sont mis en place.
Des lois qui posent les droits et les obligations des établissements sociaux et médico-sociaux comme par exemple la loi n°2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale ou encore l’article L.311-3 du Code de l’Action Sociale et des Familles.
Plusieurs outils découlent de ces lois pour aider les EHPAD à placer leurs résidents au cœur du dispositif : le livret d’accueil, la charte des droits et des libertés de la personne accueillie, le contrat de séjour, le règlement de fonctionnement, le projet d’établissement …
La Ministre des affaires sociales et de la santé et la Secrétaire d’État auprès de la Ministre des affaires sociales et de la santé ont présenté le 28 décembre 2015 un projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement. Elle repose sur trois piliers : anticipation de la perte d’autonomie, adaptation de la société et accompagnement des personnes en perte d’autonomie.
L’article 19 par exemple, consacre le droit pour les personnes âgées en perte d’autonomie, à un accompagnement respectant leur projet de vie ainsi qu’à une information adaptée sur cet accompagnement.
10 Mar 2016 | Portraits
Travaillant au coeur d’une structure spécialisée dans le très jeune âge, Sophie Saez n’a jamais regretté son choix et est aujourd’hui responsable de CAMSP.
Pouvez-vous nous présenter votre structure, les services proposés et le poste que vous y occupez ?
Je suis responsable d’un Centre d’Action Médico-Sociale Précoce dit CAMSP, qui est un Centre de Consultations Ambulatoires pour les enfants de 0 à 6 ans handicapés ou à risque de handicap. Ainsi, nos missions de prévention financées par le Conseil Départemental sont à destination d’enfants prématurés ou repérés (à la crèche, à l’école) comme présentant des difficultés.
Sur nos missions de soins financées par l’ARS (sur des financements CPAM), nous suivons, par des rendez-vous réguliers, des enfants présentant déjà des handicaps suite à des maladies ou des séquelles d’accidents survenus lors du tout premier âge, voire in utero. Nous sommes spécialisés dans l’âge et non dans une pathologie particulière.
L’équipe du CAMSP est donc composée de médecins spécialistes (neuropédiatre, pédopsychiatre, audiophoniâtre et médecin de médecine physique), paramédicaux (kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophoniste et orthoptiste, éducatif – éducateurs spécialisés) et psychologues (neuropsychologue et clinicien).
Le rôle du CAMSP est de faire, à l’entrée, un bilan diagnostic des besoins de l’enfant. Il arrive également que nous soyons à l’origine de l’annonce d’un handicap. Ensuite, par un projet global d’accompagnement (au CAMSP, à domicile, voire dans les collectivités fréquentées par l’enfant), nous proposons des prestations diversifiées afin de prendre en compte la globalité de la problématique de l’enfant en y incluant toute la famille.
Quel est votre parcours ?
Psychomotricienne de formation, j’ai tout d’abord exercé dans divers établissements médico-sociaux (IME, MAS, ITEP) pendant 18 ans. J’ai également acquis un Master de Psychologie Sociale et Gestion des Ressources Humaines qui a complété une Licence en Psychopathologie.
Je ne connaissais absolument pas ce type de structure et c’est justement le jeune âge des enfants, ainsi que le haut niveau de technicité trouvé dans ces structures, qui m’a attirée et m’a donné envie de postuler à une annonce trouvée par hasard. Je n’ai jamais regretté mon choix, car la diversité des situations en font un travail enrichissant et gratifiant pour un professionnel. En effet, rien n’est encore « joué » à cet âge pour paraphraser Françoise Dolto, l’action médico-sociale précoce prouve qu’il est important d’agir tôt et qu’il vaut mieux « prévenir que guérir ». Pour avoir travaillé auprès de publics plus âgés, je repense souvent à ce qu’ils auraient pu éviter du « surhandicap » avec un suivi précoce.
Quels sont les plus grands challenges de votre mission ?
Faire connaître et reconnaître ces structures atypiques car elles sont encore méconnues et votre interview m’en donne l’occasion !
Qu’attendiez-vous de la formation DEMS que vous avez suivie ?
Cette formation DEMS (Dirigeant de l’Economie Médico-Sociale) était pour moi l’occasion de prendre du recul par rapport à mon travail de terrain en clarifiant les challenges qui sont, ou seront, à relever pour nos structures médico-sociales. Mettre du sens, formaliser, intégrer une démarche de manager conscient des enjeux présents et à venir dans le secteur social et médico-social : la formation m’a permis d’acquérir une perspective environnementale plus large et non plus autocentrée au niveau de l’établissement sur les enjeux du secteur des ESSMS.
Comment les évolutions du secteur affectent-elles votre métier au quotidien ?
Cela se ressent dans la formalisation de nos missions : nous avons dû revoir toutes nos propositions de prestations en nous posant systématiquement la question de la pertinence envers nos usagers, que sont les familles de ces petits. Cela a donné lieu à l’établissement de procédures écrites, réfléchies en équipe, qui nous ont permis de nous questionner sur la « plus-value » apportée à ces enfants dans les propositions d’accompagnement que nous pouvions faire, et aussi d’apprendre à valoriser, à l’extérieur, la qualité de cet accompagnement.