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Interview de Baubeker Seddik, président d’ERDES

19 Mar 15 | Actualités | 0 commentaires

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Baubeker SEDDIK 59 ans cette année, et j’ai une maîtrise en Économétrie (fin des années 1970), une science qui conceptualise les phénomènes économiques et imagine des scénarios en réponse à un système économique qu’on voyait inefficace. C’est un outil d’analyse quantitative, permettant de vérifier l’existence de certaines relations entre phénomènes économiques et de mesurer concrètement ces relations sur la base d’observations de faits réels.

En « boulottant » dans le secteur social et médico-social, j’ai découvert un secteur riche qui a développé ma curiosité. J’occupais la fonction de responsable pédagogique : soutien scolaire à des enfants, adolescents et jeunes adultes maintenus dans une structure mais devant poursuivre leurs études.

Après une expérience de 4 années en entreprises du secteur de l’économie marchande (2 ans chef de service des opérations d’investissement et 2 ans dans une administration publique chargée de la réglementation et de la contention des marchés de l’intendance), je suis revenu dans le secteur social et médico-social. Après avoir exercé comme éducateur non diplômé auprès d’enfants et d’adolescents en structures relevant de l’aide sociale à l’enfance, j’ai entamé une formation d’éducateur spécialisé au cours de laquelle j’ai effectué des stages auprès de personnes en situation de handicap. Je me suis dirigé vers cette population par la suite.

Dans les années 1990, pour accéder à la formation de directeur, il fallait être en poste de cadre dirigeant. C’était un obstacle. En 1995, j’ai pu m’inscrire dans un institut universitaire professionnalisé pour la formation de management des Institutions Sanitaires et Sociales, afin d’y décrocher une maîtrise avec le titre d’Ingénieur en management

J’ai commencé comme adjoint dans un IME qui devait créer un Service d’Education Spécialisé et de Soins à Domicile, et un internat pour enfants et adolescents polyhandicapés. Ensuite, j’ai dirigé des foyers de vie et un centre pour adultes polyhandicapés.

Depuis 2007, je travaille dans deux types de structures pour enfants déficients intellectuels. Jusqu’en août 2013, j’étais directeur d’un pôle enfants en Seine Saint Denis. Deux structures de type pour enfants :

  • Une pour adolescents, avec des ateliers pré-professionnels en vue d’une orientation dans le milieu protégé voire professionnel pour la plupart d’entre eux, et les autres vers des structures de type foyer de vie
  • Une autre structure accueillant des enfants et adolescents autistes ou avec des psychoses infantiles

Depuis août 2013, je dirige une association qui gère un institut médico-éducatif avec un agrément de 72 places 6-20 ans, un Service d’Education Spécialisé et de Soins à Domicile 12-20 ans, et un service d’insertion Sociale et  professionnelle 16-25 ans (un service créé à titre expérimental pour les jeunes pouvant poursuivre leurs études de manière plus prolongée, et les jeunes en apprentissage qui peuvent nous solliciter même s’ils travaillent en entreprise).

En 2010, j’ai été certifié évaluateur externe expert des organisations de l’économie sociale

Qu’est-ce que l’ERDES, l’association que vous présidez ?

ERDES est une association qui s’adresse avant tout aux personnes qui ont eu à recevoir une formation dispensée par Espace Sentein. ERDES poursuit le travail mené depuis plusieurs années avec sa philosophie d’être en « avant-veille » de ce qui s’exerce dans nos secteurs.

L’association est le garant « professionnel » des diplômes et formations dont ont bénéficié ses adhérents. Ses travaux visent à faire reconnaître et à valoriser les formations auprès des instances représentatives et de les faire évoluer au regard des besoins des professionnels dans leurs fonctions. A ce titre, elle tient un rôle important dans l’inscription de la Certification Professionnelle « Dirigeant de l’Economie Médico-Sociale » au RNCP en niveau 1 et s’assure de la pertinence des Diplômes d’Université vis-à-vis des attentes du « terrain ».

Elle appuie et renforce Espace Sentein sur la veille technologique, le référencement européen, les actions d’implication de ses étudiants et le réseau de soutien mis à disposition de ses adhérents. ERDES se veut, depuis sa création, le garant de la qualité et de la progression des formations d’Espace Sentein. Elle participe au comité scientifique et aux jurys des Certifications et Diplômes de niveaux 1, 2 et 3.

A travers ses actions d’échanges et de relations internationales, l’association contribue aussi à assurer une ouverture au secteur social et médico-social.

Que pensez-vous des évolutions des compétences du secteur social et médico-social ?

Dans ma présentation, j’ai commencé par ma formation en économétrie fin des années 1970. A l’époque, on me parlait déjà de crise économique et de modèles à réinventer. Aujourd’hui, tout cela s’accélère et s’amplifie et tout le monde sait. Entre 2002 et 2007, nous avons noté 16 lois qui ont été votées dans le secteur social et médico-social. Il faut donc établir un lien entre les changements législatifs et les évolutions.

Nous sommes dans une société où l’usager, le client, sont censés être informés et surtout associés à leurs projets. On se doit de recueillir les attentes de la personne et de les transformer en besoins.

Les évolutions et exigences se sont accentuées, et elles ont accompagné de véritables révolutions culturelles et managériales. Cette loi a permis d’instaurer des rapports nouveaux entre les établissements et les usagers, entre les services et les partenaires. Les dix dernières années ont vu une grande évolution s’opérer dans les réponses aux besoins et les systèmes d’offre de service. La réponse au plus près de l’usager, la reconnaissance des droits des personnes, le libre choix des prestations sont autant de changements qui ont induit des repositionnements sensibles dans les organisations et dans la formulation des projets d’établissement ou des projets individualisés concernant les usagers.

Pourquoi, selon vous, est-il intéressant de participer au colloque annuel d’Espace Sentein ?

Bien avant les années 2000, des professionnels du secteur parlaient des mutations qui allaient nous arriver. Patrick Lefèvre (éducateur spécialisé et directeur d’établissement), annonçait par exemple les enjeux et défis du métier de directeur avec :

  • Une intégration des environnements et des contraintes externes
  • La logique de service et la démarche d’observation sociale
  • Un regard « autre » sur les usagers
  • L’innovation et la diversification des services
  • Le développement des ressources humaines

Cela nous amène à réfléchir à des solutions à long terme même si on sait qu’elles seront revues, ou plus d’actualité, l’année qui suit. Ces colloques sont l’occasion d’échanger et de rester dans cette dynamique.

D’après votre expérience dans l’accompagnement des diplômés d’Espace Sentein, le secteur est-il favorable à la reconversion professionnelle ?

Je répondrai favorablement mais avec l’idée que le secteur, qui se professionnalise de plus en plus, dispose de certaines particularités voire d’atouts au niveau des professionnels chargés de l’accompagnement des usagers. C’est avec l’ensemble des professionnels que les nouveaux diplômés en reconversion professionnelle d’Espace Sentein pourront s’épanouir.

Je dirai même qu’ils seront observés par les professionnels comme je l’ai été quand j’occupais mes nouvelles fonctions de direction.

Les professionnels sont conscients du devenir du secteur et ils attendent de leurs nouveaux managers une personne authentique, respectant leurs droits et ceux des personnes accueillies.

Rencontrer des professionnels du secteur avant et pendant la formation leur permettra de se faire une idée ou de confronter leur vision avec celle du terrain, sans pour autant calquer la façon de faire.

J’ai toujours cru à l’adaptabilité des personnes, gage d’intelligence.

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