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Le contentieux tarifaire : le point de vue de Sébastien Pommier

Le contentieux tarifaire : le point de vue de Sébastien Pommier

Lors de son intervention au colloque annuel d’Espace Sentein, Sébastien Pommier, Directeur général de l’association Le Clos du Nid, et membre de la CNTSS (Cour Nationale de la Tarification Sanitaire et Sociale), a parlé du contentieux tarifaire. Son constat : il y a une volonté récurrente de réformer la tarification médico-sociale, reposant sur des arguments tout aussi récurrents, mais qui sont sans doute à relativiser.

Le corpus réglementaire sur lequel se fonde la tarification sociale et médico-sociale est récent : il s’agit du décret du 22 octobre 2003. Décret très contesté au moment de sa sortie, et qui l’est encore aujourd’hui. On lui oppose trois arguments principaux, que Sébastein Pommier souhaite relativiser.

Taux directeur et enveloppe limitative

Le premier argument est que la tarification sociale et médico-sociale reposerait sur des coûts historiques aggravant les différences de traitement entre les différents établissements et services sociaux et médico-sociaux. Pour Sébastien Pommier, il s’agit d’un argument non recevable car la notion de « coût historique » que l’administration conteste repose sur celle de taux directeur, qui n’existe pas en droit.

L’application d’un taux directeur n’est effectivement pas prévue aux articles R 314-22 et R314-23 du CASF (Code de l’Action Sociale et des Familles), qui prévoient sur quel fondement l’administration peut mettre en oeuvre des “propositions de modification”.

En l’état actuel de la jurisprudence, une autorité de tarification peut, sur le seul fondement de l’enveloppe limitative, éventuellement justifier un abattement. Mais elle doit dans ce cadre-là démontrer que c’est à cause de cet établissement-là qu’elle dépasse son enveloppe.

Donc, en appliquant aux procédures budgétaires une notion qui n’est pas prévue par la loi (le taux directeur), ou qui est prévue mais mal appliquée (l’enveloppe limitative), les autorités de tarification se trouvent elles-mêmes prises au piège des coûts historiques. Un premier paradoxe que Sébastein Pommier juge important de relever.

Le problème de la tarification tardive

Le deuxième argument avance que la tarification est souvent a posteriori.

Or, Sébastien Pommier rappelle que les articles R 314-49 à 55 du CASF donnent des outils à l’autorité de tarification pour régler ces questions là.

Deux points :

1. Dans ce contexte, l’autorité de tarification a tout intérêt à fixer la tarification des établissements sociaux et médico-sociaux dès que possible.

2. L’importance de l’article R314-52 du CASF qui est le véritable danger pour le gestionnaire dans le cadre de la règlementation de la tarification médico-sociale. Il s’agit du pouvoir de réformation du résultat : à la réception du compte administratif, l’administration est en droit de réformer le résultat. C’est-à-dire de prendre acte du résultat mais d’en exclure certaines dépenses lui paraissant hors de proportion ou injustifiées.

L’intelligibilité des coûts

Le troisième argument repose sur le fait que la tarification actuelle ne permet pas une véritable intelligibilité des coûts.

C’est la question de l’instauration et de l’exploitation de tableaux de bords constitués des indicateur médico-sociaux économiques. Les articles R314-28 à 33 du CASF donnent des outils à l’administration.

L’objectif de ces 6 articles est double :

1. Permettre des comparaisons entre des établissements et services sociaux et médico-sociaux.

2. Structurer la négociation budgétaire en la faisant reposer sur des arguments objectifs.

Il y a donc un mécanisme dit « de convergence tarifaire » reposant sur des indicateurs médico-sociaux économiques qui ne sont pas exploités.

La réforme est à faire, mais les arguments ne sont pas les bons

Selon Sébastien Pommier, il est vrai que les autorités de tarification manquent d’outils, mais il est vrai aussi que la règlementation actuelle leur donne les outils. Ce n’est donc pas le fondement sur la base duquel on doit changer la tarification. La tarification aujourd’hui prévoit 6 articles qui permettraient à l’administration d’utiliser ces éléments de comparaison de coûts.

Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas réformer la tarification médico-sociale, puisqu’elle est imparfaite. Le rapport présenté par Laurent Vachey apporte d’ailleurs, selon Sébastien Pommier, des alternatives intéressantes.

Revoir l’intervention de Sébastien Pommier en vidéo :

Les intervenants du colloque d’Espace Sentein

Les intervenants du colloque d’Espace Sentein

Le 21 janvier, le colloque annuel tenu par Espace Sentein à Paris aura pour thème « 2014-2016 : Les enjeux du secteur social et médico-social« . Plusieurs intervenants vont se succéder tout au long de la journée, apportant leur point de vue et échangeant avec les participants dans la salle. Présentation des intervenants ci-dessous.

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ClaudY Jarry

Président de la FNADEPA (Fédération Nationale des Associations de Directeurs d’Etablissements et services pour Personnes Agées), Claude Jarry est à la tête d’une fédération professionnelle qui fêtera ses 30 ans l’année prochaine. Présente dans 50 départements, la FNADEPA intervient auprès des professionnels des établissements et services pour personnes âgées et des pouvoirs publics. L’intervention de Claude Jarry aura pour thème « Les nouveaux types d’accompagnement autour du parcours de la personne ».

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Laurent Vachey

Laurent Vachey, inspecteur général des finances, est ancien directeur de la CNSA (Caisse Nationale de la Solidarité pour l’Autonomie). Il est co-auteur du rapport « Etablissements et services pour personnes handicapées. Offre et besoins, modalités de financement » (lire le rapport). L’intervention de Laurent Vachey aura pour thème « Le financement des établissements et services médico-sociaux : quel avenir ? ».

 

jean_claude_werrebrouckJean-Claude Werrebrouck

Economiste, professeur d’Université à Lille 2, Jean-Claude Werrebrouck est spécialisé dans les questions liées au fonctionnement de l’Etat. Auteur du livre « Banques centrales : indépendance ou soumission ? », il tient également le blog www.lacrisedesannées2010.com L’intervention de Jean-Claude Werrebrouck aura pour thème « Enjeux économiques et sociaux du secteur social et médico-social : de nouveaux modèles ».

jacques_pagesMaître Jacques Pagès

Maître Jacques Pagès est avocat, spécialisé dans l’accompagnement des acteurs du secteur sanitaire, social et médico-social. Il est également professeur associé à l’Université de Montpellier I (faculté de droit). L’intervention de Maître Jacques Pagès aura pour thème « L’usager dans son parcours : ses attentes, ses besoins, ses droits ».

 

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Michel Laforcade

Michel Laforcade est Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Aquitaine. Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux, il dirigeait précédemment l’ARS du Limousin. L’intervention de Michel Laforcade aura pour thème « Les vrais enjeux de l’évaluation ».

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Sébastien Pommier

Directeur général de l’association Le Clos du Nid, Sébastien Pommier dirige une association qui agit depuis 1955 en faveur des personnes, en situation de handicap. Il est également membre de la CNTSS (Cour Nationale de la Tarification Sanitaire et Sociale). L’intervention de Sébastien Pommier aura pour thème « Du financement à la tarification : évolutions théoriques et jurisprudentielles ».

Jean-Pierre Guffroy

Jean-Pierre Guffroy est Directeur général de l’ Institut Régional du Travail Social (ARTS) du Nord-Pas de Calais. L’intervention de Jean-Pierre Guffroy aura pour thème « De l’évolution des besoins à l’évolution des compétences ».

Joël May

Joël May est Directeur de l’offre médico-sociale et de l’autonomie de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Auvergne. Il est également délégué territorial du Puy-de-Dôme. L’intervention de Joël May aura pour thème « Les vrais enjeux de l’évaluation »

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